Trouver le bon angle

Trouver le bon angle

16 novembre 2018

Alors qu’il s’apprête à passer sous la barre symbolique des 1000 milles restant à parcourir ce vendredi, Yoann Richomme affiche de nouveau plus d’une centaine de milles d’avance sur son poursuivant le plus proche.

« La nuit dernière a été tranquille puisque ça a été du tout droit. Je me suis fait de bonnes siestes. Là, je passe une zone de vent un peu plus mou mais ça devrait revenir ce soir », a expliqué le skipper de Veedol – AIC qui, de fait, peine à afficher des vitesses à deux chiffres aujourd’hui, mais qui reste pleinement concentré sur sa trajectoire.
« Une bascule est annoncée à l’est. On se décale donc vers le nord-ouest pour avoir un bon angle d’arrivée sur la Guadeloupe. En ce qui me concerne, j’en ai encore pour 36 heures de tribord vers l’ouest avant un dernier empannage vers l’île. J’ai toujours un œil derrière, mais finalement, la stratégie est relativement cantonnée au secteur nord du plan d’eau », avance le leader de la flotte des Class40 de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe qui prend soin de rester placé entre sur poursuivants et l’arrivée afin de garder le contrôle.
« J’aimerais bien attaquer l’île avec 120 milles d’avance. Ce serait confortable », souligne Yoann qui semble plutôt bien parti pour, mais qui n’oublie pas que tant que la ligne n’est pas franchie, tout peut arriver. Et les récentes arrivées des Ultimes et des IMOCA sont là pour le lui rappeler. « Je vais regarder la carte au cas où il y ait une île sur la route », plaisante le navigateur, sidéré par la mésaventure subie par Alex Thomson (le britannique s’est échoué à quelques milles de la Tête à l’Anglais et a dû mettre le moteur pour se sortir de sa situation, ce qui risque de lui faire perdre la victoire dans sa catégorie). « Je suis en phase avec le bateau. Maintenant, on n’est pas à l’abri de faire des bêtises. J’essaie de vraiment faire gaffe. Ce matin, j’ai fait une manœuvre un peu olé-olé dans un empannage. J’ai trouvé ça assez osé. Il peut y avoir encore des problèmes même si la liste se réduit au fur et à mesure », assure Yoann, qui souffre, par ailleurs, un peu de la chaleur. « Impossible de rester dehors tant que le soleil n’est pas caché derrière les voiles. Du coup, en journée, je suis planqué à l’intérieur du bateau », explique le skipper qui, pour l’heure, se voit toujours arriver à Pointe-à-Pitre mardi matin.

Pas de prise de risques

Pas de prise de risques

15 novembre 2018

« Il n’y a pas beaucoup de nouveautés sur la route de la Guadeloupe », assure Yoann Richomme, ce jeudi, toujours propulsé par un flux d’alizé soufflant entre 18 et 22 nœuds et toujours solidement accroché à la place de leader dans la catégorie des Class40 de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, même s’il a concédé une trentaine de milles à son poursuivant le plus proche, Phil Sharp, ces dernières 24 heures.

« Il faut accepter de temps en temps d’avoir un peu de perte. Je ne prends pas de risques et quand il y a des grains, je fais le gros dos. J’ai tous mes spis, ce qui est essentiel, et je suis d’attaque », explique le skipper de Veedol – AIC dont le quotidien, à 1300 milles de l’arrivée, est avant tout rythmé par quelques grains et quelques empannages. « Je me suis laissé décaler plus sud que les autres car notre ami l’anticyclone un peu dans notre nord va descendre nous rendre visite. Du coup, je prends la porte du sud. Je ne prends pas de risque avec ces choses-là car si on se rapproche trop, cela implique moins de vent », détaille Yoann qui évolue désormais sous le 20° parallèle nord.
« Le vent finissant à l’est en approche de la Guadeloupe, il vaudra mieux arriver par le nord pour avoir un meilleur angle. Cela veut dire qu’à un moment, il va bien falloir que j’aille dans l’ouest. Je ne suis pas loin de le faire, mais on attend toujours la bascule de vent miraculeuse, vous savez, celle qui ne vient jamais ! », termine le navigateur dont les dernières estimations laissent présager d’une arrivée dans la journée de mardi à Pointe-à-Pitre.

Le train-train alizéen

Le train-train alizéen

14 novembre 2018

Si ce que l’on retiendra de ce mercredi est probablement le chavirage du Multi50 de Lalou Roucayrol, la course se poursuit toujours à haute vitesse pour les leaders des autres classes. En ce qui le concerne, dans la catégorie des Class40, Yoann Richomme cavale toujours entre 11 et 13 nœuds de moyenne, propulsé par un flux de nord-est soutenu, mais aussi et surtout très instable.

« Il y a parfois un petit grain plus fort qu’un autre. Dans ce contexte, on la joue safe. Le spi reste dans sa chaussette et on attend que ça passe », relate le skipper de Veedol – AIC qui, fort d’une avance de plus de 110 milles sur son poursuivant le plus proche, peut se permettre de jouer un minimum la carte de la sécurité et ainsi éviter de connaitre quelques mésaventures comme celle rencontrée par Kito de Pavant, le skipper de Made in Midi dont le grand spi s’est ouvert en deux la nuit dernière. « C’est important de préserver le matériel et, justement, surtout le grand spi qui sera une voile essentielle pour la fin de la course. Pour le reste, tout va bien, même si je n’ai pas eu la même direction de vent que mes poursuivants ces dernières heures. Dans l’immédiat, c’est un peu difficile de faire de l’ouest pour moi mais j’attends une bonne opportunité pour y retourner », explique Yoann qui a remis du sud dans sa route depuis le milieu de nuit dernière.
« C’est le train-train alizéen mais pour l’anecdote, j’ai eu un visiteur cette nuit. Un poisson volant a atterri directement à l’intérieur du bateau. J’ai cru qu’il y avait le début d’une guerre. La pauvre bête se débattait dans tous les sens. Je l’ai récupérée pour la lancer dehors mais je lui ai fait manquer la sortie et je l’ai assommée contre le roof. La pauvre petite chose a dû voir quelques étoiles ! », a terminé le navigateur.

A mi-parcours !

A mi-parcours !

13 novembre 2018

Ce mardi, alors qu’il se trouve désormais à mi-parcours de la 11e Route du Rhum – Destination Guadeloupe, Yoann Richomme continue doucement mais sûrement d’accentuer son avance sur son poursuivant direct. Le skipper de Veedol – AIC a, en effet, porté celle-ci de 98 milles au pointage de 7h30 ce lundi, à 112 milles ce mardi à la même heure. Petit changement toutefois, son dauphin n’est désormais plus Phil Sharp mais Aymeric Chappellier.

« Je me fais souvent des coups de flips quand je vois les autres faire des bons pointages et je suis obligé de me rappeler que j’ai une centaine de milles d’avance pour me calmer. Sur la cartographie, on n’a pas d’échelle, du coup, de temps en temps, j’ai l’impression d’être en match race alors que bon, pas vraiment », explique Yoann, par ailleurs satisfait d’avoir réussi à remettre en place son aérien de spare à l’aide d’un tube Nautix de 4 mètres maintenu dans le balcon arrière. « Cela me permet de récupérer une lecture du vent propre en hauteur et légèrement en arrière du bateau. Maintenant le pilote automatique peut barrer en mode vent et en suivre ses variations. Quelle tranquillité pour moi ! Je ne suis plus obligé de changer la consigne du pilote toute les deux minutes », se réjouit le navigateur, toujours propulsé entre 10 et 13 nœuds de moyenne par un flux de nord-est assez soutenu. « C’est un peu le train-train alizéen mais ce n’est pas toujours facile de trouver la bonne trajectoire pour faire marcher le bateau au mieux », avance le leader de la Class40, poursuivi, ce matin, par Damien Seguin sur le 60 pieds Groupe Apicil. « C’est sympa de se retrouver là, au milieu de l’Atlantique. Lui et moi, on a disputé deux Transat Jacques Vabre ensemble en Class40. J’en garde beaucoup de bons souvenirs. On a aussi couru sur son IMOCA au Grand Prix Guyader cette année. C’était sa prise en main de son bateau et encore une fois, ça avait été un bon moment. Il se rapproche doucement. On essayera de faire une photo si c’est possible », s’amuse le skipper qui reste néanmoins pleinement concentré sur la bonne marche de sa machine. « Au niveau stratégie, il ne va rien y avoir d’alléchant à jouer aujourd’hui. On va refaire route vers l’ouest en fin de journée. Je vais continuer de me placer entre mes principaux concurrents et l’arrivée. On va la jouer safe, cette fin de course… ».

Dans les alizés !

Dans les alizés !

12 novembre 2018

Cette fois, ça y est : les leaders de la Class40 de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe sont dans les alizés et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça bombarde, ce lundi. Les uns et les autres cavalent, en effet, à plus de 13 nœuds de moyenne.

« Ça va vite ! C’est même violent par moments. Il y a une grosse houle que l’on arrive à surfer parfois pendant près d’une minute à 18-20 nœuds. C’est top mais stressant ! », explique Yoann Richomme, le leader de la flotte, qui a encore accentué son avance, ces dernières 24 heures, la portant de 76 à 98 milles entre 12 heures hier et la même heure aujourd’hui, sur son dauphin. « J’essaye de maintenir un rythme juste au-dessus de mes poursuivants mais je ne veux pas tout casser non plus », détaille le skipper de Veedol – AIC qui programme un premier empannage dans la soirée. « L’idée, c’est de remettre un peu de sud dans ma route pour échapper à l’anticyclone qui redescend », souligne le solitaire qui navigue actuellement à la latitude des Canaries, l’archipel espagnol qui se trouve désormais à 550 milles de son tableau arrière. « Au menu du jour, j’ai pas mal de petits boulots à faire, à commencer par le plein d’essence. Je vais devoir transvaser 40 litres de gasoil de bidons fixés en position au réservoir. Je vais donc forcément devoir ralentir à un moment pour faire ça si je ne veux pas en mettre partout ! Je vais aussi devoir mettre ce fameux aérien, mais ça remue beaucoup donc il faudra peut-être aussi calmer le jeu une heure, le temps de bien le mettre en place », avance Yoann qui se réjouit de retrouver des températures plus agréables. « Maintenant, il fait bon tout le temps, voire même chaud la journée. Les nuits sans lune sont magnifiques, mais c’est difficile d’en profiter tellement ça mouille sur le pont. J’ai toujours un peu toujours l’impression d’être dans un shaker et je ne passe pas beaucoup de temps dehors mais dans l’après-midi, je vais peut-être me faire un peu de barre pour le plaisir », a terminé Yoann Richomme.

Ça sent bon les alizés !

Ça sent bon les alizés !

11 novembre 2018

Ce dimanche, alors qu’il progresse toujours au reaching, à mi-chemin entre l’archipel de Madère et les Canaries, Yoann Richomme compose avec un flux d’ouest assez instable, à la fois en force (entre 10 et 17 nœuds) et en direction (avec des bascules de 20 à 25°).

« Il y avait moins de grains la nuit dernière mais le vent reste effectivement très oscillant et sans aérien, c’est un peu une torture car cela implique de sortir vérifier le réglage des voiles dehors toutes les 15 minutes. En tous les cas, la bonne nouvelle, c’est que ça sent le sud ! », a expliqué ce matin, le skipper de Veedol – AIC, pas mécontent de retrouver des conditions plus douces. « Pour la première fois depuis le départ, je peux naviguer seulement vêtu de sous-couches. Ça fait du bien de pouvoir enlever le ciré d’autant que j’ai eu droit à un lever de soleil magnifique, ce matin », a ajouté Yoann qui s’attend à voir le vent adonner dans la journée, passant alors progressivement du secteur ouest au secteur nord, puis nord-est. « Normalement, je devrais envoyer le petit gennaker en début d’après-midi puis le spi dans la soirée. Ça tombe bien, ils commençaient à s’ennuyer dans leurs sacs ! Clairement, à présent, on sent vraiment la deuxième partie de la traversée approcher. Fini le plantage de poteaux, on passe à la glissade, ce pour quoi nos bateaux ont été conçus ! C’est aussi ça que l’on vient chercher sur ces transats : des conditions de vent portant pendant des jours et des jours ! », a détaillé le navigateur qui se réjouit naturellement de profiter des alizés à venir. « Pour moi, il y a aussi une part de découverte car je ne suis pas sûr du fonctionnement du bateau. Il y a des angles précis à tenir pour optimiser le rapport route parcourue/vitesse du bateau, et cela ne s’invente pas. Il faut avoir de l’expérience sur le support », a souligné le vainqueur de la Solitaire du Figaro 2016, toujours leader de la flotte des Class40 de la 11e Route du Rhum – Destination Guadeloupe, avec 75 milles d’avance sur Phil Sharp et 91 sur Aymeric Chappellier, ses poursuivants les plus proches. « J’ai perdu moins de milles hier que ce que j’avais prévu. Tant mieux. Le moral est donc super bon surtout que je réussi à me reposer et à manger normalement depuis deux jours », a conclu Yoann Richomme qui ne pouvait pas attaquer ce nouveau volet de la course dans de meilleures conditions.

Contournement de l’anticyclone

Contournement de l’anticyclone

10 novembre 2018

Ce samedi, alors qu’il arrive à la latitude de l’archipel de Madère qu’il va laisser environ 200 milles dans son Est, Yoann Richomme progresse dans une douzaine de nœuds de vent, toujours solidement accroché à la place de leader dans la catégorie des Class40.

« La mer est moins grosse qu’hier puisqu’au lieu d’avoir 4 mètres de houle, il n’y en a plus que 1,5 mètre mais il y a cependant un petit clapot vraiment pénible. Ce n’est donc toujours pas facile de faire avancer le bateau surtout que comme je l’ai déjà dit, je n’ai plus d’instrument de vent. Je n’arrive pas à voir les variations de force et de direction. Je dois être aux aguets en permanence et c’est un peu usant », a expliqué le skipper de Veedol – AIC à la vacation officielle de 4h30, ce matin, toujours occupé à contourner l’anticyclone pour éviter de tomber dedans au risque de s’empétoler.
« J’essaie, en effet, de décaler ma route vers l’ouest pour continuer de progresser en attendant que l’anticyclone veuille bien s’ouvrir et la bonne nouvelle, c’est que l’on va réussir à descendre avec un front », assure Yoann qui a profité de ces dernières heures plus calmes pour effectuer un check complet de sa monture. « Il n’y a pas l’air d’avoir de problème pourtant, j’ai bien tiré dessus. Les premiers jours de course ont vraiment été très violents et je me demande même comment ça a pu résister à ce point-là. En tous les cas, tout a l’air en place. Le bonhomme, ça va aussi. Il n’a pas cassé non plus mais il a reçu des coups quand même (rires) ! Il a des beaux bleus partout ! Je pense que j’ai des hématomes dans le bas du dos, dans le mollet et dans le bras gauche parce que je me suis pris de sacrés valdingues dans le bateau. Même quand tu penses tenir, en fait tu te fais éjecter et tu traverses le bateau pour finir par taper la structure de l’autre côté. C’est vraiment violent. A présent, je peux me tenir, debout et je commence à avoir un rythme un peu plus normal. C’est nettement plus agréable, même si j’ai hâte de mettre le spi, de prendre une douche et de pouvoir ranger tout ça. En plus, il va y avoir du jeu dans l’alizé. Ça va être top ! », a assuré le navigateur qui pourrait bien, aujourd’hui, réussir à prendre son premier repas chaud. « Jusqu’à présent, le Jetboil bougeait trop pour y faire bouillir de l’eau… petit problème de mise au point de la cuisine, même si le micro-ondes et le lave-vaisselle ont réussi à fonctionner parfaitement », a indiqué Yoann, qui n’a manifestement pas perdu son sens de l’humour en mer.

À la latitude des Açores

A la latitude des Açores

09 novembre 2018

Comme attendu, le vent s’est nettement assagi depuis hier soir pour les bateaux de tête de la flotte des Class40. C’est, en effet, dans une quinzaine de nœuds que Yoann Richomme et les autres leaders progressent, ce vendredi matin, ce qui leur permet de gagner un peu en termes de confort même si, désormais, ils font route au près.

« Ca va durer comme ça encore deux jours. Le positif, c’est qu’à cette allure, mon bateau est plus rapide que ceux de mes concurrents », explique le skipper de Veedol – AIC qui caracole toujours en pôle position ce matin et qui a désormais porté son avance à 41 milles sur Phil Sharp puis à 50 sur Aymeric Chappellier, ses deux poursuivants les plus proches.
« J’ai mis un bon coup de cravache cette nuit. C’est un virage à la corde qu’il faut réaliser pour parcourir le moins de distance, mais la mer étant encore très désorganisée, ce n’est pas simple. Il n’empêche que ce matin, je suis plutôt content de la situation. J’ai remis des milles à mes poursuivants et je me positionne à l’intérieur de la courbure », explique Yoann, actuellement à environ 230 milles dans l’est de l’île São Miguel.
« On ne passe pas loin des Açores et ça, ça me fait plaisir. C’était le lieu de notre escale lors de ma première traversée de l’Atlantique en 2000, avec mon père. On retournait vivre en France après quatre ans aux USA, et on rentrait avec notre voilier de 10 mètres. L’escale à Horta ma toujours fascinée, comme beaucoup de marins à la vue du nombre de peinture laissées sur les digues du port. Nous y sommes retournés deux fois en Figaro pour le Championnat de France, et à chaque fois cet archipel m’a laissé de magnifiques souvenirs, notamment ceux de paysages d’un autre monde. Voir ces îles jaillir au milieu de nulle part, c’est vraiment magique ! Qu’est-ce que j’aurai aimé passer plus proche ! Ce sera pour une autre fois… », a terminé Yoann Richomme, manifestement en grande forme.

« Le moral au beau fixe ! »

« Le moral au beau fixe ! »

08 novembre 2018

Si la nuit dernière a de nouveau été bien rock and roll, avec une mer croisée et de fortes rafales de vent, la situation tend à s’améliorer sensiblement, ce jeudi matin, pour Yoann Richomme, toujours solidement accroché aux commandes de la flotte des Class40. La piste est, en effet, un peu moins cahoteuse depuis quelques heures car les vagues sont un peu mieux rangées, même si la houle reste énorme, avec des creux de 6 à 7 mètres.

« J’avoue que j’en ai un peu marre de vivre reclus sur mes deux bouts de mousses au fond de la coque et de ne pas pouvoir me mettre debout mais le moral est au beau fixe malgré tout. Je viens d’écouter mes premiers Podcasts et ça fait du bien, même s’il faut encore que j’essaie de me nourrir. Je n’ai toujours pas réussi à manger un plat depuis le début », a indiqué le skipper de Veedol – AIC qui mène, malgré tout, sa course à une cadence infernale, lancé à plus de 12 nœuds de moyenne. « J’espère pouvoir continuer d’allonger un peu pour avoir un matelas plus confortable », a expliqué Yoann qui compte environ 30 milles d’avance sur ses deux poursuivants les plus proches, Phil Sharp et Aymeric Chappellier. « Ma stratégie de recalage a fonctionné. Les autres se calent doucement derrière moi. De toutes façons, il n’y a pas 36 routes possibles », détaille le navigateur qui s’est, par ailleurs, adjugé le Prix de la Performance NKE Class40 récompensant le plus grand nombre de milles parcourus entre deux pointages de 16 heures, hier, avec pas moins de 199,5 milles parcourus.

La suite ? « A partir de ce soir, les conditions de vent vont se calmer mais la mer va mettre plus de temps à s’assagir. Le point positif, c’est qu’en étant devant, je vais profiter de ces accalmies avant les autres et que je sais que dans trois jours, je serai sous spi », a souligné Yoann qui sait aussi que le gros de la flotte de cette Route du Rhum – Destination Guadeloupe va subir une nouvelle grosse dégradation de la météo à partir de ce soir, qui va générer des vents de 35-45 nœuds avec des rafales à 60, sur une mer démontée dans la journée de demain.
« Quand je vois les Class40 arrêtés un peu partout, je leur souhaite bien du courage pour repartir. Les conditions ne sont franchement pas réjouissantes dans le golfe de Gascogne et au large du Portugal », termine Yoann, qui va profiter de l’amélioration de sa situation à venir pour bricoler un aérien de spare, le premier ne fonctionnant plus depuis le deuxième jour de course.

« Un vrai champ de mines »

Yoann Richomme : « Un vrai champ de mines »

06 novembre 2018

Comme annoncé, la situation météo s’est nettement dégradée, la nuit dernière, sous l’influence d’une dépression très creuse sur le nord de l’Atlantique et c’est ainsi à des vents de 35-40 nœuds avec des rafales à 45 que Yoann Richomme et les autres marins de la Class40 de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe ont été confrontés. Dans ce contexte, il a fallu faire le dos rond et préserver au mieux le matériel.

« J’ai navigué en mode dégressif, deux ris-trinquette. Ça tapait beaucoup, avec une mer croisée dans tous les sens. Un vrai champ de mines. C’était douloureux, parce qu’on avait constamment l’impression de casser le bateau. J’ai essayé de faire le gros dos et de ce fait, je n’ai pas accéléré autant que je pouvais », a expliqué le skipper de Veedol – AIC, ce mardi à la mi-journée, lors d’une vacation officielle, pas mécontent de profiter, dans l’immédiat, d’un léger assagissement du vent. « Depuis ce matin, il fait beau. Il y a 25 nœuds de vent et on respire un peu mieux, même s’il y a toujours beaucoup de vagues mais ça tape moins parce que c’est une houle très longue », a ajouté Yoann qui se prépare à un nouveau coup de tabac d’ici peu. Reste qu’avant ça, il va devoir effectuer un virement de bord. « Ça fera du bien de faire du sud et d’avoir l’impression de se rapprocher de notre cible car en ce moment, on fait un bord au nord-ouest. On a l’impression d’aller nulle part », a ajouté le marin qui a consolidé sa place de leader depuis hier, avec une position très à l’ouest ce qui va lui donner l’opportunité d’être le premier à profiter de la bascule attendue du vent au nord-ouest. « Pour être honnête,je n’ai pas trop regardé les écarts et les classements parce qu’on est tellement éparpillés sur le plan d’eau que ça va se faire naturellement ensuite. De plus, je n’oublie pas que si on a passé le plus gros du vent, la plus grosse prévision de mer est pour demain, je ne sais pas trop ce que ça va donner sur un bord un peu rapide, il faudra être vigilant sur cette journée de demain qui sera encore bien violente », avance Yoann qui garde la tête froide malgré la situation. « C’est confort absolument confort zéro. Je n’ai quasiment rien mangé depuis le départ et je dors sur deux pare-battages au fond du bateau en attendant que ça se passe. J’ai vécu des moments plus intéressants, mais on savait qu’on allait passer par là. C’est rude mais ce n’est pas insurmontable et on sait que dans trois-quatre jours. Une fois qu’on arrivera à l’anticyclone des Açores, si on arrive à se glisser dessous comme prévu, on passera dans un mode complètement différent ». Avant ça, pas d’autre choix que de serrer les dents.