« Un vrai champ de mines »

Yoann Richomme : « Un vrai champ de mines »

06 novembre 2018

Comme annoncé, la situation météo s’est nettement dégradée, la nuit dernière, sous l’influence d’une dépression très creuse sur le nord de l’Atlantique et c’est ainsi à des vents de 35-40 nœuds avec des rafales à 45 que Yoann Richomme et les autres marins de la Class40 de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe ont été confrontés. Dans ce contexte, il a fallu faire le dos rond et préserver au mieux le matériel.

« J’ai navigué en mode dégressif, deux ris-trinquette. Ça tapait beaucoup, avec une mer croisée dans tous les sens. Un vrai champ de mines. C’était douloureux, parce qu’on avait constamment l’impression de casser le bateau. J’ai essayé de faire le gros dos et de ce fait, je n’ai pas accéléré autant que je pouvais », a expliqué le skipper de Veedol – AIC, ce mardi à la mi-journée, lors d’une vacation officielle, pas mécontent de profiter, dans l’immédiat, d’un léger assagissement du vent. « Depuis ce matin, il fait beau. Il y a 25 nœuds de vent et on respire un peu mieux, même s’il y a toujours beaucoup de vagues mais ça tape moins parce que c’est une houle très longue », a ajouté Yoann qui se prépare à un nouveau coup de tabac d’ici peu. Reste qu’avant ça, il va devoir effectuer un virement de bord. « Ça fera du bien de faire du sud et d’avoir l’impression de se rapprocher de notre cible car en ce moment, on fait un bord au nord-ouest. On a l’impression d’aller nulle part », a ajouté le marin qui a consolidé sa place de leader depuis hier, avec une position très à l’ouest ce qui va lui donner l’opportunité d’être le premier à profiter de la bascule attendue du vent au nord-ouest. « Pour être honnête,je n’ai pas trop regardé les écarts et les classements parce qu’on est tellement éparpillés sur le plan d’eau que ça va se faire naturellement ensuite. De plus, je n’oublie pas que si on a passé le plus gros du vent, la plus grosse prévision de mer est pour demain, je ne sais pas trop ce que ça va donner sur un bord un peu rapide, il faudra être vigilant sur cette journée de demain qui sera encore bien violente », avance Yoann qui garde la tête froide malgré la situation. « C’est confort absolument confort zéro. Je n’ai quasiment rien mangé depuis le départ et je dors sur deux pare-battages au fond du bateau en attendant que ça se passe. J’ai vécu des moments plus intéressants, mais on savait qu’on allait passer par là. C’est rude mais ce n’est pas insurmontable et on sait que dans trois-quatre jours. Une fois qu’on arrivera à l’anticyclone des Açores, si on arrive à se glisser dessous comme prévu, on passera dans un mode complètement différent ». Avant ça, pas d’autre choix que de serrer les dents.